L’ univers botanique d' Iris Van Herpen

Iris, plus qu’une créatrice de mode, vous êtes souvent définie comme une artiste.
Comment le monde de l’art et vos créations se rejoignent-ils ?
Autant attirée par l’art que par la mode, je place mon travail sous le signe de la création pure et de la créativité pluridisciplinaire. Mes collections parlent de l’envie de créer et d’expérimenter l’inexploré, relient différents royaumes, tout comme le ferait un artiste ou un scientifique.

Jeune fille, vous avez étudié le ballet et l’idée du mouvement est au coeur de vos créations. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Ma première passion était la danse. J’ai moi-même dansé dans des ballets, ce qui m’a permis d’être en contact avec l’univers des costumes de scène et leur capacité à créer une seconde peau pour le corps en mouvement. Je suis également fascinée par la force et la détermination qui caractérisent les danseurs. L’année
dernière, j’ai collaboré avec le Dutch National Ballet et j’ai conçu des costumes pour la danseuse de ballet Jingjing Mao, que l’on peut découvrir dans le court métrage Biomimicry. Dans la performance, la danseuse se retrouve dans un futur où l’humanité, la science et la nature sont étroitement imbriquées ; un scénario très Iris van Herpen-esque je dirais !

Vous êtes considérée comme une pionnière dans la mode, expérimentezvous de nouvelles techniques de production ou de nouveaux matériaux ? 
Quand j’ai commencé à étudier la mode, j’ai réalisé que je m’ennuyais facilement avec les tissus qu’on m’avait appris à travailler ; j’ai alors décidé d’expérimenter non seulement avec des tissus mais aussi avec des techniques innovantes et inhabituelles. C’est ce qui m’a valu d’être perçue comme une pionnière de la technique d’impression 3D dans l’industrie de la mode. Bien que mes dernières collections étaient moins expérimentales, je n’ai jamais perdu mon côté futuriste.

Quelle est l’importance de la nature et de la biomimétique dans votre processus de création ?C’est la vision que nous avons voulu traduire dans notre collaboration avec Aubade : une complexité innovante qui exprime une féminité organique, la transparence mais aussi la superposition et la création d’une profondeur dynamique à travers un dessin au trait optique.
C’est magnifique à quel point le dessin au trait organique peut faire voyager votre oeil sur la peau.
Je crois que l’avenir de la mode appartient à la durabilité. Des matériaux respectueux de l’environnement et une approche de production sur mesure.

Y a-t-il un élément non-binaire dans vos créations et comment définiriez-vous la féminité aujourd’hui ?J’ai toujours travaillé avec des artistes qui soutiennent une vision non-binaire de la féminité, comme Björk et Lady Gaga, et qui résument à la perfection la féminité artistique de mes créations. En haute couture, la féminité est aussi considérée comme une forme d’art. Cette même essence a été explorée dans la collaboration avec Aubade, exprimant avec art l’intimité et la féminité.

Diriez-vous qu’en tant que designer, vous avez une mission ?Un créateur doit continuellement repousser les limites du design de mode.

Quel rôle joue la lingerie dans la garderobe contemporaine ?
J’adore la lingerie, probablement pour son côté si personnel. Elle est comme un joyau caché qui relève d’une expérience privée. Dans un monde qui devient chaque jour plus transparent, la lingerie permet de garder un certain mystère.

Pouvez-vous nous raconter comment s’est passée votre collaboration avec Aubade et sur quoi vous avez travaillé ?
Aubade nous a sollicités pour une collaboration dans le cadre d’une collection exprimant au plus près de la peau l’esprit subtilement Couture d’IVH. Nous avons d’abord exploré différentes techniques de dentelle, avec des broderies en couches et des dégradés de couleurs. Après la mise au point des dentelles, le processus de conception a pu commencer, suivi de l’échantillonnage.